Chloé Quenum (France, 1983) s’inspire des nombreux récits qu’elle collecte à travers le monde pour en restituer une trame narrative où résonnent la singularité des voix et la puissance des cultures – celles souvent ignorées par l’Histoire officielle. Ses gestes subtils recomposent une histoire fragile autant que belle, à l’image des matériaux et des techniques artisanales qu’elle emploie. Le verre soufflé, les textiles teints et brodés, les dessins calligraphiques qui inventent un alphabet imaginaire s’attachent à révéler les angles morts de l’Histoire, le sens caché des mots et leur force évocatrice.
Pour Un Ciel intérieur, Chloé Quenum traduit en une déclinaison de lettres en verre soufflé trois mots liés à la pensée soufie – sūf (« laine »), safā (« clarté », « limpidité ») et samā‘ (« écoute spirituelle ») – une méditation poétique et subtile de langue farsi. Une deuxième pièce décline des vers du poète Rumi brodés sur des pièces de tissus qui rappellent les vêtements rapiécés portés principalement en Afrique du Nord tel que la derbala.