L’exposition est le reflet de cette expérience spirituelle et humaine en mettant en avant la dimension symbolique du soufisme, la forme unique de transmission de son enseignement, et enfin les pratiques et créations qui sont l’expression de ce cheminement. En écho avec les créations contemporaines de Monir Shahroudy Farmanfarmaian, Pinaree Sanpitak, Younes Rahmoun, Seffa Klein, Troy Makaza, Chloé Quenum et Bianca Bondi, cette exploration à travers les trois étages du musée et son jardin revêt une dimension sensorielle qui invite à la contemplation et à l’introspection.
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Le parcours de l’exposition est pensé comme un voyage ascensionnel à travers l’architecture du musée. Il emmène le visiteur dans une exploration intérieure, celle du corps, du mental et de l’esprit (le cœur), autant de fils conducteurs qui invitent à se relier symboliquement à la terre, au ciel et au cosmos, dans un mouvement ascendant vers son ciel intérieur.
Ainsi, la symbolique des figures géométriques, récurrentes dans l’art et la culture soufis, trouve-t-elle
un écho dans les sculptures en mosaïques de miroirs et dans les dessins de Monir Shahroudy Farmanfarmaian.
Elle entre également en résonance avec les œuvres vibrantes et protéiformes de Seffa Klein qui puise ses nombreuses références dans le soufisme, ainsi que dans plusieurs formes de spiritualité et de sagesse, dans l’astrophysique, la cosmologie et la nature.
Le travail de Bianca Bondi se situe à la lisière de plusieurs mondes, cherchant à révéler les liens intangibles qui existent entre le visible (la nature, le vivant, les expériences sensorielles convoquées à travers ses installations et les phénomènes chimiques qui transforment la matière) et l’invisible (l’idée de rituels puisés dans plusieurs formes de mysticismes et de sources de connaissances non occidentales).
Pinaree Sanpitak crée une nouvelle série de peintures en résonance avec les kashkūl de la collection
— ce contenant symbolisant le vide nécessaire pour recevoir la connaissance divine. Elle y décline de manière abstraite le corps féminin et ses liens avec la dimension symbolique et spirituelle de ces réceptacles.
Les œuvres de Younes Rahmoun s’inscrivent dans une conception du monde ancrée dans les principes du soufisme. Elles matérialisent l’expérience intérieure et donnent forme à ce qui est imperceptible, comme l’éveil et l’esprit. La maison, motif universel, est un thème récurrent dans son travail. Déclinée à travers trois sculptures présentées dans l’exposition, elle symbolise le lieu de l’intime à partir duquel l’individu trouve sa place dans le monde. Nouvelle œuvre créée par Younes Rahmoun pour Un Ciel intérieur, Markib-Habba (Barque-Graine) s’articule autour de la barque — symbole du voyage spirituel — et de la graine — source de la vie et lieu où réside l’âme.
Chloé Quenum traduit en une déclinaison de lettres en verre soufflé trois mots liés à la pensée soufie — safā (clarté, limpidité ), samā’ (écoute spirituelle), sūf (laine) — pour offrir une méditation poétique et subtile de la langue et de sa symbolique profonde.
Enfin, Troy Makaza crée une nouvelle œuvre qui se déploie autour de la notion de transition et de voyage entre monde physique et spiritualité. Il évoque un territoire en perpétuelle transformation, à l’image des cartes géographiques qui proposent une représentation du monde toujours en mouvement. Cette œuvre clôt le parcours de l’exposition ainsi que celui du catalogue, comme une invitation à les prolonger en suivant son propre chemin.
Du 28 septembre 2024 au 6 avril 2025, de l’équinoxe d’automne à l’équinoxe du printemps, Un Ciel intérieur s’inscrit dans une temporalité qui introduit un élément cyclique et évolutif — le cycle du soleil et des astres, suivant, d’une saison à l’autre, les manifestations du vivant — qui n’est pas sans rappeler les caractéristiques propres au chemin intérieur du soufi.